Avril mettra en lumière le jeune mangaka Inio Asano !
L’auteur publie Futsu No Hi (Jour Ordinaire en français) dans le magazine de prépublication Big Comics Spirit. Ce récit plein d’humour lui apporte une première reconnaissance. Il remporte en 2001 le prix des jeunes auteurs du Sunday GX (magazine de prépublication de mangas mensuel) grâce à Uchû Kara Konnichiwa (Bonjour de l’espace) ce qui lui permet de continuer à publier au sein du magazine et d’accroître peu à peu sa notoriété. Mais c’est en 2005 qu’Asano confirme son talent et se positionne comme un auteur important de sa génération avec Solanin.
Inio Asano produira une dizaine d’œuvres entre les années 2000 et aujourd’hui. Nous parlerons dans cet article de la réédition du lumineux Solanin et de son dernier manga Errance.
Solanin
Meiko Inoue et Naruo Taneda se sont rencontrés à la fac et sortent ensemble depuis 6 ans. Ils s’aiment, vivent ensemble et partagent une forte complicité. Meiko travaille dans une agence d’office lady dans laquelle elle ne s’épanouit pas et a le sentiment d’être enfermée dans sa vie. Quant à Taneda, il enchaîne des missions en attendant le décollage de son groupe de musique. Solanin raconte le quotidien de ce couple dans une société dans laquelle ils peinent à s’adapter et trouver leurs marques. Malgré un soutien mutuel, ces deux jeunes adultes inséparables voient leurs rêves d’avenir et la relation qu’ils entretenaient auparavant s’effriter… jusqu’au dénouement final.
Solanin s’impose comme l’oeuvre incontournable d’Asano. Publiée entre 2005 et 2006 au Japon, le succès de cette oeuvre provient du réalisme et de l’émotion que l’auteur a su transmettre. Dans une société japonaise contemporaine étouffante, le manga reflète la pression sociale et professionnelle imposée dans laquelle les jeunes lecteurs/adultes se reconnaissent. Toutefois, l’oeuvre ne fait pas écho seulement au Japon : le manga est traduit dans plusieurs pays à partir de 2007. Le style graphique d’Asano est assez unique, il fait évoluer ses personnages dans des décors urbains figés presque photographiques à l’aide d’un trait fin et précis. A l’inverse, le visage de ses personnages se distinguent par un crayonné plus épais et des traits arrondis : ces différences graphiques donnent une cohérence d’ensemble à l’oeuvre.
Le mois dernier, Kana publie Solanin dans une intégrale agrémentée de quatre pages couleurs et d’une postface complète d’Asano qui nous apprend des choses intéressantes sur cette nouvelle édition. La réédition mérite vraiment le détour et s’impose désormais comme un classique de la bande dessinée nippone.
Errance
Le nouveau one-shot d’Asano n’aura jamais aussi bien porté son nom. Kaoru Fukazawa vient d’achever son dernier manga et lui permet d’obtenir un petit succès au Japon. Mais après ? Le héros est troublé. Doit-il continuer à dessiner alors qu’il vient d’acquérir une certaine notoriété ? Doit-il produire un prochain manga grand public pour maintenir sa célébrité ou à l’inverse, investir du temps dans un projet plus personnel ? Cette remise en question déteint sur le comportement de Kaoru qui se renferme et devient observateur d’un monde sur lequel il porte un regard sombre et cynique.
D’un réalisme poignant, Errance retrace toutes les interrogations qu’un dessinateur (et plus généralement un artiste) peut connaître à un « instant t » de sa carrière. L’amertume présente à travers le manga est parfaitement maîtrisée grâce à un trait plus sombre mais aussi plus réaliste. Errance fait partie de son oeuvre la plus mature. A travers le personnage de Kaoru Fukazawa, Asano s’interroge et se questionne sur son travail et son avenir de mangaka. Bref, Errance est une véritable réussite.
Pour public averti
Kana – 15€
Traduction par Thibaud Desbief