Encore une référence de la bande dessinée japonaise traduite par Cornélius, à l’instar de Mizuki ou de Tezuka : Yoshihiro Tatsumi, et son autofiction Une vie dans les marges. Le récit commence en 1945, avec la reddition du Japon ; le narrateur est un jeune garçon, qui dévore, avec la complicité de son grand frère, tous les illustrés qui lui tombent sous les yeux. De lectures en lectures, il en vient à dessiner, à être publié, puis à rencontrer d’autres dessinateurs. Ce roman d’initiation d’un dessinateur est un chef d’oeuvre d’intelligence et de délicatesse : de l’enthousiasme juvénile aux premiers choix d’artiste adulte, on se passionne pour ce personnage. Tatsumi replace aussi cet art naissant dans la perspective de l’époque, qu’elle soit artistique (les films qu’il voit au cinéma, les romans de l’époque), ou historique. Il n’oublie pas non plus tous ces faits divers qui marquent les esprits et donnent naissance à tant d’histoires… Une vie dans les marges est un grand livre, très gros, et très beau (merci, oncle Cornélius, pour cet exquis objet), et donc, essentiel.
Traduit du japonais par Victoria Tomoko Okada et Nathalie Bougon.
Cornélius – 33 €