Marre de Netflix ? que diriez-vous d’un peu de Shakespeare, en costume et dans un bon vieux théâtre londonien ? C’est bien là que nous entraîne cet excellent roman d’un auteur irlandais dont j’avais déjà beaucoup aimé Muse, où il évoquait aussi une légende du théâtre anglo-saxon, Molly Allgood. Dans Le Bal des ombres, vous admirez sur scène et en coulisses Henry Irving, comédien encensé, propriétaire du Lyceum et diva caractérielle, ainsi d’Ellen Terry, dont le talent et la très longue carrière ferait pâlir toutes nos stars de cinéma. Mais le personnage central est Bram Stoker, cet irlandais que l’on connaît surtout comme l’auteur de romans fantastiques, mais qui de son vivant fut avant tout l’administrateur du Lyceum, un auteur malheureux, et l’ami intime de ces deux légendes.
Les riches heures de ce trio (autour des années 1880) sont l’occasion d’une peinture vivante de Londres, où l’on croise des fantômes, Oscar Wilde et Bernard Shaw, ainsi que l’ombre portée de Jack l’Eventreur, dont les crimes marquèrent durablement l’atmosphère londonienne. Quant à Henry Irving, il mêle talent et provocation à la perfection, et sa vie sur le fil est une très belle évocation de la vie de comédien. Le spectacle est autant dans les coulisses que sur scène au Lyceum. Le triangle amoureux Irving-Terry-Stoker est une étrange combinaison, tantôt explosive tantôt délicate, à la manière des comédies Shakespeare, tout en ambiguïté.
Traduit de l’anglais (Irlande) par Carine Chichereau.
Rivages – 23€