C’est pas la musique qu’est trop forte, c’est toi qu’es trop vieux.
Définir l’ambiance musicale d’une boutique, c’est tout un art, j’en parlais à ma coiffeuse pas plus tard que ce matin. Le temps d’une publicité malheureusement gratuite, j’en profite pour vous signaler que Les Garçons Coiffeurs, rue Clauzel dans le 9ème est à ma connaissance un des rares endroits à Paname où l’on puisse se faire rafraîchir la couenne sans subir en retour les éprouvantes plaisanteries d’un animateur décérébré ni les gloussements orgasmiques de bimbos siliconées trop occupées à se frotter sur des limousines de fabrication allemande pour s’interroger quant à la pertinence de leurs éructations r’n’biesques. Tout au contraire, on profite de cette parenthèse pour apprécier les découvertes musicales des figaros du lieu, expérience pleine d’enseignements pour moi qui, en gros, ai cessé de m’intéresser à la création musicale quand Kurt Cobain a passé l’arme à gauche. Aucun rapport de cause à effet, c’est juste pour vous permettre de situer, historiquement. Histoire d’enfoncer le clou, sachez que je tape cette petite note au rythme d’un vieil album de Suicidal Tendencies, THE ART OF REBELLION, ça s’appelle (tout moi, ça).
Sans aller jusqu’à parler d’architecture sonore du lieu – ce qui reviendrait tout de même à se la péter un chouille – disons que nous aussi, à la librairie, accordons une certaine importance à ce qu’on met sur la platine, dans l’espoir souvent déçu de couvrir les cris de vos enfants. Mes goûts musicaux m’entraînant plutôt vers :
1) les musiques bruyantes et graisseuses de chanteurs morts ou en mauvaise santé
2) la country ambiance-corde-au- cou, genre Tindersticks
… c’est à Juliette que revient le choix stratégique de la bande-son des Buveurs d’Encre. En plus, elle dispose d’un avantage déterminant, car elle seule dispose d’un Ipod. La vérité m’oblige à préciser qu’elle est surtout la seule à savoir s’en servir.
En général, j’aime bien ce qu’elle choisit et j’espère que vous aussi, mais je garde le final cut. Je n’en abuse pas, car j’ai peur des réactions. Il y a quelques mois, j’ai eu le malheur de dire « enlève-moi ce truc s’il te plaît » à un morceau que je persiste à trouver assez pénible. J’ai senti son regard lourd de mépris et de rage contenue quand elle a coupé la chique à Carlos Gardel (car c’était lui). Ca m’a servi de leçon. J’ai appris à ronger mon frein, et c’est surtout quand on passe sur F.I.P que je peux avoir les réactions les plus épidermiques. Je suis incapable d’écouter jusqu’au bout un morceau de Vincent Delerm ou de Bénabar et je m’en honore.
Pourtant, malgré mon absence aux platines de la librairie, c’est plutôt moi qui fais les choix au rayon musique. Raison sans doute pour laquelle il est surtout fréquenté par des quadras qui ont un peu le même type de parcours. J’en profite pour leur signaler la sortie du premier livre digne d’intérêt sur AC/DC. (35 euros aux editions EPA) Ca fait un peu Kididoc pour grand, avec le disque-qui-tourne assez ridicule en couverture. C’est sorti la semaine dernière, je ne l’ai pas encore lu en détail, mais ça semble valoir le coup. Il était temps…