Un journal anglais commande un reportage à Simon (pour le texte) et Aillil (pour l’illustration) sur la modernité d’Istanbul. Ce voyage se déroule en 1937, Atatürk est au pouvoir depuis 1923 et s’est lancé dans un ambitieux programme de réformes pour mettre la nouvelle Turquie au rang des nations modernes. Mais la ville n’est pas du tout au goût de Simon, qui préfèrerait être en Espagne, sur les traces d’Hemingway ; quant à Aillil, il se laisse séduire par les tentations de la ville. L’un et l’autre vont cependant se perdre dans cette ville vénéneuse.
Dérive orientale est une belle réflexion sur le voyage, incarnée par deux personnages opposés ; Simon est rétif à l’étrange et l’étranger, tandis qu’Aillil cède à la tentation de l’exotisme : c’est un livre sur les attentes, les déceptions, les dangers ou simplement l’impossibilité d’appréhender une ville dans toute sa profondeur. Le récit, en forme d’énigme, laisse les personnages et le lecteur en pleine confusion, déstabilisés, ce qui est peut-être une des vertus du voyage, briser l’horizon d’attente.
Younn Locard est un jeune dessinateur qui a lui-même beaucoup voyagé, crayon et carnet en poche, ce qui a sûrement forgé son très joli coup de crayon. C’est vif, dense, avec des digressions fort réussies. Une belle découverte.
L’employé du moi – 16,50€