Retour au cap, pour ce 5ème roman de Roger Smith, qui nous montre une fois encore l’envers du décor de la nouvelle Afrique du Sud. Le héros de Pièges et sacrifices est Mike Lane, un libraire très à l’aise financièrement (*). Mike et sa femme Beverley ont un fils, grand espoir du rugby sud-africain et une brute épaisse non dénuée de sadisme. Chris – c’est le nom de ce charmant garçon – ramène un soir une fille à la maison et la soirée dérape salement. Sous l’effet des stéroïdes dont il fait une grande consommation, Chris tue la fille. Beverley décide de faire porter le chapeau au fils de Denise, leur bonne qui vit à proximité, dans une dépendance de la propriété. Par lâcheté, parce qu’il n’ose ni s’opposer à sa femme ni dénoncer son fils, Mike laisse faire. Le stratagème marche d’autant mieux que le fils, Lynndall, est une petite frappe qui s’est déjà rendue coupable d’une nombre conséquent de méfaits.
La seule à ne pas croire à la version officielle des faits est Louise, la fille de Denise et soeur de Lynndall. Louise qui s’est élevée socialement, a fait des études en grande partie grâce à Mike qui fut pour elle un appui constant et dans une certaine mesure un père de substitution. Pour Louise, remettre en cause l’histoire concoctée par la famille Lane, c’est remettre en cause l’attachement quasi-filial qu’elle continue à porter à Mike Lane un peu à son corps défendant.
Pièges et sacrifices est un roman sombre et violent qui nous montre les nouvelles formes que peut prendre la discrimination dans le pays libéré de l’Apartheid. Tous les personnages sont extrêmement bien campés, Louise en particulier à travers la relation complexe qui la lie à Mike Lane. L’intrigue psychologique prend vite le pas sur l’enquête policière et s’il y a peu de suspense à proprement parler, le roman est haletant du début à la fin.
Pièges et sacrifices est le meilleur polar que j’ai eu l’occasion de lire depuis pas mal de temps.
Traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Elsa Maggion
Calmann-Lévy – 20.90 euros
(*) ce livre est une fiction.