Gallmeister, qui a mis le Nature Writing à l’honneur dans notre beau pays part à l’aventure explorer de nouveaux territoires, ceux du roman policier en créant sa collection néonoir. Les deux premiers volumes, sortis en mars 2015, sont très convaincants, dans des registres assez différents.
Exécutions à Victory, de S. Craig Zahler se déroule dans le Missouri, dans la ville (imaginaire) de Victory, le dernier endroit où vous avez envie de passer vos vacances. Non contente d’être un trou, Victory s’enorgueillit d’un taux de délinquance stratosphérique. Dans cette charmante bourgade, les exactions des flics sont à peine moins effrayantes que celles des malfrats. C’est ce que constate dès son affectation à son nouveau poste l’inspecteur Jules Bettinger. Très « service service », Bettinger va tenter de mettre un peu d’ordre dans les méthodes des policiers locaux avant de devoir rapidement revoir à la baisse ses exigences morales… Le bouquin de Zahler est aussi enthousiasmant qu’il est violent; seul bémol : on peut y voir une ode à l’autodéfense et une justification du recours à la violence, voire à la torture. Un côté Charles Bronson grande époque qui peut déplaire.
L’enfer de Church Street est aussi caustique que le roman de Zahler est désespéré. Voici l’histoire de Geoffrey Webb un pauvre type devenu un sale type un peu « à l’insu de son plein gré ». Une histoire qu’il va raconter à la petite frappe qui le prend un beau matin en otage alors qu’il se trouve au volant de sa voiture. Une confession et quelques milliers de dollars en prime en échange d’un dans l’Etat voisin : voici le deal que propose Geoffrey Webb à son ravisseur. Quelques milliers de kilomètres qui vont nous permettre de comprendre comment cet homme d’apparence inoffensive à pu passer du statut de jeune pasteur à celui de tueur sans scrupules. Très bon roman, qui peut rappeler à la fois Jim Thompson et le Ian Levinson d' »Une canaille et demi » pour le côté grinçant et humour noir.
Exécutions à Victory de S. Craig Zahler (18 euros) et L’enfer de Church Street de Jake Hinkson (15 euros) sont tous deux traduits de l’anglais (E.U.A) par Sophie Aslanides –