Si Jean-Pierre Mocky n’est pas un cinéaste comme les autres, le Brady, la salle qui lui a longtemps appartenu est elle aussi d’un genre assez particulier. Jacques Thorens a eu l’occasion de mesurer à quel point puisqu’il occupa pendant deux ans la fonction de caissier-projectionniste au Brady.
« Passé les bornes, y’a plus de limites », ce pourrait être la devise du Brady, où le visionnage de films (moitié cinéma bis, moitié films de Mocky) ne constitue qu’une activité très secondaire pour l’aréopage qui fréquente les lieux. Le Brady, on y vient pour dormir, passer le temps, faire des rencontres et plus si affinités. Cela donne lieu à des scènes incroyables qui défient la raison.
Mais, bien que le livre de Jacques Thorens fourmille d’anecdotes à hurler de rire, on aurait tort de le réduire à un recueil de souvenirs amusés. Si le titre est un clin d’oeil au cinéma bis – et là aussi il ne manque pas d’histoires incroyables – le récit se fait plus grave pour évoquer d’autres damnés, les hommes et les femmes qui fréquentent le cinéma ou zonent autour. Des hommes et des femmes que l’auteur, depuis sa caisse et son bocal, a appris à connaître et dont il rapporte l’histoire avec beaucoup d’empathie et d’humanité.
Editions Verticales – 21 euros