Merci à Georges de m’avoir indiqué ce roman, qui lors de sa parution chez Belfond en janvier 2007 avait complètement échappé à mon attention. Il s’agit là du premier roman traduit en français de Jordi Soler, qui est apparemment « l’une des figures littéraires les plus importantes de sa génération » si on en croit la notice de présentation obligeamment rédigée par l’éditeur. Cette pétition de principe me laisse habituellement légèrement sceptique (c’est un peu l’équivalent éditorial du « mannequin le mieux payé du monde » pour les magazines de mode ou du « transfert de l’année » en football, fermons la parenthèse) mais force est de reconnaître, cette fois-ci, que le qualificatif n’est sans doute pas usurpé. Les Exilés de la Mémoire nous fait vivre, à travers l’enquête menée par le narrateur (son petit-fils) l’itinéraire d’Arcadi, membre de l’armée républicaine ayant fui l’Espagne une fois la défaite consommée pour s’installer au Mexique. C’est une très belle réflexion sur l’exil, la difficulté d’échapper à son passé et de recommencer une nouvelle vie. C’est aussi l’occasion de s’intéresser à un épisode peu connu et peu glorieux de l’histoire de France, l’accueil (si on peut appeler cela ainsi) des réfugiés espagnols dans le sinistre camp d’Argelès-sur-mer. Vient de paraître, toujours chez Belfond, La dernière heure du dernier jour, qui reprend certains des personnages du roman et se réroule dans la petite colonie catalane créée par Arcadi au coeur de la jungle mexicaine. Comme je l’imagine tous ceux qui ont aimé les exilés de la mémoire, j’ai bien l’intention de lire ce livre et je vous en parlerai un jour prochain.
traduction de Jean-Marie Saint-Lu
10X18 – 7,90 €