Depuis que la librairie a ouvert en 2005, c’est bien le six ou septième livre de Joyce Carol Oates que je vois passer, tant la dame est prolixe. Chaque fois, cela ne manque pas. Dans la semaine qui suit la sortie, les groupies de l’auteur, au nombre de trois ou quatre, viennent se procurer le bouquin, et puis zwuip, c’est fini. Cela dit, c’est vrai que je n’ai jamais rien fait pour alimenter le phémonène. En toute franchise, je n’avais rien lu de Oates, qui doit pourtant avoir une bonne quarantaine de titres traduits à son actif. Un bête a priori, mais j’avais l’impression que le travail de l’auteur était assez éloigné de ce qui me branchait d’habitude.
J’ai donc ouvert Fille noire, fille blanche un peu par curiosité, un peu par hasard, surtout parce que le thème des tensions raciales aux USA dans les années 70 est un sujet qui m’intéresse. J’avoue que j’ai été bluffé par le métier de l’auteur et sa très grande maîtrise narrative. La trame de récit est superbe, les deux personnages principaux, Genna et Minette, très bien dessinés tout en gardant leur part d’ombre (Minette, surtout). Joyce Carol Oates réussit le tour de force qui consiste à instiller le suspense dans un récit dont elle nous donne l’épilogue dès la première page. A la réflexion, c’est d’ailleurs parce qu’elle nous donne la fin que le suspense fonctionne ! Ajoutez à cela que cela se lit très très facilement sans jamais céder à la facilité, et vous comprendrez que je suis tout à fait partant pour me lancer dans la lecture d’un autre bouquin du même auteur. Alors, si des fans de J.C Oates tombent sur ces lignes, surtout qu’ils n »hésitent pas à me recommander tel ou tel titre à lire en priorité.
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Claude Seban
Philippe Rey – 20 euros