Après Scènes de la vie d’un jeune garçon et Vers l’âge d’homme, voici le 3ème volet de l’autobiographie de Coetzee. L’été de la vie couvre le début des années 70, période à laquelle l’auteur, trentenaire, écrivait déjà mais n’avait pas encore rencontré le succès.
Le procédé choisi par Coetzee est singulier, puisqu’il s’agit d’un portrait posthume, dressé par un jeune universitaire britannique à travers les interviews successives de cinq personnes ayant cotoyé « l’homme Coetzee » dans les années 70. Bien plus que son oeuvre ou son travail d’écrivain, qui sont à peine évoqués, c’est la personne Coetzee qui est au coeur de ces entretiens, accordés parfois de guerre lasse par des protagonistes pour qui Coetzee était au fond quelqu’un de très banal.
Et c’est vrai que les cinq « témoins » que l’universitaire rencontre ne l’épargnent guère ! A travers les interviews d’ une très furtive maîtresse, de la cousine de l’auteur, de la mère d’une élève qu’il poursuivit (sans succès) de ses assiduités, d’un collègue universitaire et enfin d’une maîtresse française, se dessine le portrait d’un homme assez terne, professeur sans passion, fils absent, universitaire moyen et amant somme toute médiocre. On aurait tort de prendre au pied de la lettre l’ensemble de ses affirmations, car cette autobiographie fictive est avant tout un travail littéraire, et sans doute aussi le pied-de-nez d’un écrivain qui se tient depuis longtemps très en retrait de l’agitation médiatique parce qu’il considère que ses livres parlent d’eux-mêmes et se suffisent à eux seuls. Un très bon livre, en tout cas, et c’est l’essentiel.
Traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Catherine Lauga du Plessis
Le seuil – 22 euros