Très belle réussite que l’album de cet auteur italien dont c’est, sauf erreur de ma part, la première traduction en français. Graphiquement, c’est somptueux. Le trait d’Andrea Bruno rappelle un peu celui de Munoz, celui des premiers Alack Sinner. L’album, d’environ 80 pages, se présente sous la forme d’une succession de vignettes en noir et blanc, qui prises isolément, constituent autant de tableaux super travaillés. Ce choix graphique convient admirablement bien à un récit plutôt saccadé, voire elliptique, à l’atmosphère crépusculaire. On se trouve dans un pays dévasté, qui ressemble au nord de l’Italie, mais pourrait être n’importe quel pays livré à la guerre civile. Le protagoniste est déserteur d’une armée régulière qu’on imagine en déroute; il arrive dans une grande ville (Milan ?) livrée à une milice composée de séminaristes, qui multiplie les exactions. Dans cette Italie post-berlusconienne, tout part en capilotade sauf les spectacles et la sacro-sainte coupe du monde de football dont les échos résonnent de manière absurde dans ce monde en ruines. Un récit coup de poing, étrange et violent, et un nouvel auteur qu’il faudra suivre de très près.
Rackam – 18 euros