Après La guerre d’Alan et L’enfance d’Alan, Emmanuel Guibert continue sa traversée au long cours dans les souvenirs d’Alan Ingram Cope, cet ami américain qui sait si bien se raconter. Comme toujours avec lui, le récit n’a rien de spectaculaire, mais tout est dans la qualité du détail, un élément de décor, un petit mot. Martha & Alan raconte l’histoire d’amitié de deux enfants, de leurs 5 ans jusqu’à leurs 13 ans : grimper aux arbres, jouer avec une balançoire, chanter avec les enfants de choeur. L’évocation de l’enfance est très juste : on prend une bribe de souvenir, très précis, on le décrit et on le contemple comme une pierre précieuse, tandis que d’autres éléments restent complètement flous. Emmanuel Guibert donne une texture et une couleur très belles à ce passé : de grandes illustrations qui courent sur deux pages, un bleu et un ocre très chaud, avec un grain de technicolor, que j’imagine bien être les couleurs de la Californie de l’époque. Le contraste est très réussi entre ces splendides panoramiques, ces agrandissements, et les instants fugaces de l’enfance qu’ils décrivent.
Et un homme comme Alan, qui inspire si merveilleusement Emmanuel Guibert (cheminer avec eux deux est un grand plaisir), et qui est capable une fois retraité de retrouver la trace de son amoureuse d’enfance et de reprendre le fil d’une amitié, c’est un type follement attachant, et un type qui sait joliment raconter les gens.
et la version audio, c’est ici.
L’association – 23 €