Lecteur très occasionnel de science-fiction, j’ai ouvert Le problème à trois corps avec le sentiment de m’aventurer dans une micro-niche (la SF chinoise) à peine moins exotique que le burlesque nord-coréen… C’était avant d’apprendre que le bouquin, qui vient d’être traduit en français mais a paru en 2006, a remporté une floppée de prix dont le plus important du genre, le prix Hugo. C’était avant de lire le long article que le Monde a consacré à l’auteur en dernière page de son supplément livres il y a quelques semaines de cela .
La sortie du Problème à trois corps est donc un événement pour les amateurs du genre. Pour les autres, c’est l’occasion de se plonger dans un roman très éloigné des clichés qui collent parfois à la S-F. Déjà, une histoire qui commence avec la fille d’un intellectuel pris dans les tourments de la révolution culturelle, ça change des sempiternelles figures du genre !
En deux mots, l’histoire est celle d’une invasion à venir : celle de notre planète. Les envahisseurs, qui vivent dans un environnement très hostile caractérisé par une grande instabilité des équilibres physiques ont eu vent de l’existence d’une galaxie beaucoup plus accueillante (la nôtre !) par le biais d’une jeune scientifique en camp de rééducation qui leur a sciemment indiqué la route à suivre. Dans quelques siècles, ils seront là. A moins que…
Le problème à trois corps appartient au sous-genre de la hard SF, où l’auteurs’appuie au maximum sur les connaissances scientifiques et développe une intrigue/un univers qui ne va pas à l’encontre de ces règles. Ce qui suppose pour l’auteur d’avoir une formation scientifique (académique ou acquise sur le tas) assez poussée. Cela vaut aussi, j’imagine pour le lecteur. N’étant pas dans ce cas, je suis tout à fait prêt à admettre qu’un certain nombre de considérations me passent largement au-dessus de la casquette mais cela n’a pas nui à mon plaisir de lecture. Contrairement à ce que j’ai pu lire ça et là sur les forums, le bouquin ne semble absolument pas manquer de rythme et les reproches portant sur la supposée « lourdeur » du style et/ou de la traduction sont à mon sens nuls et non avenus.
Le problème à trois corps est le premier tome d’une trilogie et on espère qu’Actes Sud n’attende pas 10 ans pour nous proposer la traduction de la suite. Une lecture pour tous les curieux(ses) même (et surtout ?) si vous n’êtes par un(e) inconditionnnel du genre.
Traduit du chinois par Gwennaël Gaffric
Actes Sud – 23 euros