La Frontière désigne la région des Grandes Plaines, qui au XIXe est peu à peu colonisée par l’homme blanc. Après un hiver rude dans ces fermes isolées, quatre femmes s’effondrent, deviennent mutiques, violentes, folles. Le révérend Dowd organise alors, comme l’an passé, un retour vers l’est, dans des contrées civilisées, auprès de bonnes oeuvres accueillantes. Mais le voyage nécessite une escorte : Mary Bee Cuddy décide d’y aller, et trouve au dernier moment Briggs, un personnage peu recommandable (un voleur de terres, que des propriétaires terriens avaient laissé pour mort) comme convoyeur supplémentaire. L’aberrante caravane prend la route.
Homesman décrit l’envers de la conquête de l’ouest : à rebours de l’héroïsme et des mythes de la ruée vers l’or, le lecteur découvre un récit au féminin, qui traite de la souffrance et de la violence dans ces paysages spectaculaires mais ingrats. La ruée se fait dans l’autre sens, c’est un retour douloureux vers l’est. Glendon Swarthout explore diverses facettes féminines, peint leurs aspirations, leurs échecs, comment ce voyage les affecte, et tout particulièrement Mary Bee, Sisyphe moderne inoubliable. Homesman est un roman qui vous vrille dans le sillon de cet équipage insensé, un roman qui vous prend aux tripes et se lit en apnée. C’est prodigieux.
Traduit de l’anglais par Laura Derajinski.
Gallmeister – 23,10€