Le Txato, patron d’une petite entreprise de transport du pays basque a refusé de payer l’impôt révolutionnaire exigé par l’ETA et il en est mort. Parmi les terroristes qui l’ont exécuté pourrait bien se trouver Joxe Mari, le fils de Miren et Joxian, les meilleurs amis du Txato et de son épouse Bittori.
Patria, la superbe fresque politique et familiale que signe Fernando Aramburu, s’articule autour de cette scène fondatrice et se structure en une succession d’allers et retours qui s’inscrivent sur une période d’une trentaine d’années (bien avant l’assassinat) jusqu’en 2011, année où l’ETA dépose les armes. C’est à cette époque que Bittori revient au village où elle vécut avec son mari et ses enfants, un geste considéré comme un défi par la communauté villageoise qui a ostracisé sa famille à partir du moment où il devint évident que le Txato était une cible de l’ETA. Histoire de famille, Patria relate un pan douloureux de l’histoire du Pays Basque où, en dépit de la fin du conflit armé, les rancoeurs restent vives et les plaies toujours ouvertes. A travers les deux figures centrales de Miren et Bittori, deux femmes « fortes » et de leurs proches Patria pose la question du pardon et une interrogation essentielle : comment continuer à vivre aux côtés de ceux et celles qui firent notre malheur ?
Roman phénomène en Espagne, Patria a conquis plus de 500 000 lecteurs. On souhaite à ce texte en tous points superbe de connaître succès comparable en France. Mon gros coup de cœur de ce début 2018.
Traduit de l’espagnol par Claude Bleton
Actes Sud – 25 euros