X comme… RAYON X

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Le rayon X vous en promet de belles.

Cela ne rate jamais, l’arrivée des vacances signe le retour en kiosque du marronnier des marronniers : les français et le sexe. Par respect pour son lectorat, notre modeste blog ne se soustraira pas à cette obligation estivale. On va donc parler de cul, et plus exactement de livres de cul. Mais, amateur de gaudriole, passe ton chemin… Ce billet ne se départira pas du ton austère qui sied à la gravité de la menace qui plane sur nous : la disparition progressive du deuxième rayon, la fin programmée de l’enfer, bref, la lente agonie du rayon X en librairie…

Quand SEXE est la requête la plus tapée sur les claviers juste après DSK, quand la moindre pub pour lave-vaisselle ressemble à un casting porno, par quel mystère le rayon érotique se réduit-il comme peau de chagrin pour devenir le parent pauvre des librairies ? Grave question. A défaut d’y répondre, j’aimerais proposer quelques pistes de réflexion. Commençons par bien cerner le problème, voulez-vous…

D’abord, est-ce une question de manque d’intérêt pour la chose ? Le sexe n’intéresse-t-il pas les clients des librairies, espèce calme, méditative, peu portée sur la chose un peu à l’instar du grand panda et comme le sympathique plantigrade menacée à terme d’extinction ? La question mérite d’être posée puisqu’on tiendrait là une explication à la problématique plus vaste de la baisse de fréquentation en librairie. Des clients plus âgés, des clients moins nombreux et puis un jour plus de clients du tout… On en garderait quelques uns pour mettre en vitrine des centres Leclerc afin d’édifier les prochaines générations, et ce serait tout. On les nourrirait de feuilles arrachées aux best-sellers de chez X.O. Les plus fragiles bien sûr ne survivraient pas. Mais les joyeuses cavalcades qui rythment nos mercredis et nos samedis à la librairie me font penser que nos clients n’ont perdu ni le mode d’emploi ni l’envie de faire des petits. On a eu chaud… Cette bonne nouvelle nous oblige pourtant à chercher ailleurs les réponses à la question qui nous obsède.

Faut-il donc convoquer le suspect habituel, l’internet ? En effet, pourquoi payer pour un contenu dont on peut maintenant disposer gratuitement, discrètement et à satiété ? L’hypothèse n’est pas à rejeter sans examen. Elle a d’ailleurs les faveurs de mon voisin et camarade le-marchand-de-journaux-du-kiosque-à-côté qui le dit tout net : « le cul, c’est mort ». J’opine lâchement quand il lâche cet avis définitif, mais je dois bien vous l’avouer, je suis loin d’être convaincu. Car voyez-vous, de même qu’on ne mélange pas les serviettes et les torchons, on ne saurait confondre les déshabillés classe des modèles d’Edwarda avec les strings lycra des filles de Pouf’magazine. Car il y a cul et cul. De même que la multiplication des Mac Donald, KFC et autres marchands de cochoncetés n’a pas sonné le glas de la restauration traditionnelle de quartier, la profusion des sites X, XX et même XXL ne me semble pas devoir signifier la fin de l’ouvrage leste de qualité.

La qualité de l’édition érotique serait-elle alors à blâmer ? Non pas. Loin de la production standardisée et stéréotypée du cul en kiosque, la librairie indépendante qui se respecte a l’embarras du choix pour constituer le rayon qui ravira l’amateur éclairé. Sans revenir sur les Mémoires du libraire pornographe, toujours présent sur nos tables et qui remporte un succès d’estime bien mérité, nous avons reçu rien que cette semaine deux nouveautés qui dans des genres forts différent sont de nature à satisfaire les lecteurs les plus exigeants. Je me fais un plaisir de les chroniquer dans nos pages nouveautés et j’attends avec impatience le « Sade-up », pop-up pour grands prévu au Rouergue à la rentrée et qui illuminera les fêtes de fin d’année des enfants pas sages et peut-être notre vitrine. D’ailleurs, puisqu’on parle de vitrines…

La communication des libraires serait-elle trop frileuse ? En ces temps où la censure revient en force, faire une O.P (*) avec les éditions Dynamite (**) peut faire jaser dans le quartier. D’ailleurs, à moins de tenir boutique près d’une caserne, et elles sont chaque année moins nombreuses, le libraire risque bien de faire un flop. On peut faire une vitrine coquine et aguichante qui exclut toute vulgarité mais peu nombreux sont les libraires à s’y risquer. Une bonne amie qui se reconnaîtra avait coutume de consacrer chaque année une (très belle) vitrine thématique à Eros et ses copains. Elle y a cette année renoncé, c’est d’autant plus triste que ses vitrines sont assez largement considérées comme les plus réussies de la Capitale. Son abandon me navre car personne chez n’a le talent artistique qu’il faut pour reprendre le flambeau. Ceci ne nous empêche pas de prendre part au combat à notre façon, moins visible, plus modeste sans doute, mais pas moins militante. Après tout, c’est bien aux Buveurs d’Encre qu’Hughes Micol présenta et signa cette année « La planète des vulves » , deuxième titre de la toute jeune collection BD CUL des Requins Marteaux. C’est pas un peu la classe, ça ?

Bonnes vacances à ceux qui partent, et pour les autres, la librairie reste ouverte en août. Et bien sûr, le rayon X aussi.

(*) Opération Promotionnelle, vous le sauriez si vous lisiez ce blog plus assidûment

(**) Je vous laisse la joie de découvrir par vous-même leur catalogue et décline toute responsabilité pour les sites que vous pourriez être amené(e) à visiter.

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