Une brève rencontre, une évocation lors de ses études de cinéma, un vinyl sur une brocante : ces quelques petits caillous mènent Julien Frey sur les traces d’un cinéaste oublié, Edouard Luntz, qui tourna une huitaine de films dans les années 60-70. Sauf que les oeuvres de Luntz sont difficiles à retrouver, et Julien Frey court les conservatoires du cinéma, contacte les acteurs et techniciens de l’époque, rencontre le fils d’Edouard Luntz. Un film en particulier est introuvable, Le Grabuge (si bien nommé), un film financé par la Fox et le producteur Darryl Zanuck, qui passa à peine en salle et finit sa carrière devant le tribunal. Le tout-puissant Zanuck considérait comme son droit de remonter les films qu’il produisait ; cette procédure judiciaire permettra désormais au réalisateur d’avoir un droit de regard sur le final cut. Mais au passage, le montage original du Grabuge s’est perdu.
Julien Frey nous entraîne avec lui à la recherche d’une oeuvre perdue, qui acquiert une aura mythique, transgressive. À l’époque du tout numérique, où tout semble accessible tout de suite grâce à un simple écran et une connexion internet, cette quête de bobines en celluloïd prend une autre dimension. C’est une belle réflexion sur la fragilité des oeuvres et la peur de l’oubli : le livre est un merveilleux hommage à un créateur qui garde tout son mystère, une manière de le sauver de l’effacement et d’inviter à voir ses films.
Futuropolis – 23€