Elégante, chatoyante et vénéneuse, rarement couverture d’un livre aura été aussi en adéquation avec son contenu…
Voici douze nouvelles sans lien entre elles mais qui présentent toutes un -terrible !- air de famille… Alors qu’elles semblent ancrées dans un quotidien trivial et donnent tous les gages de la normalité, les histoires de Mariana Enriquez basculent dans un univers bizarre, fantastique et/ou carrément angoissant. Basculer est d’ailleurs un terme impropre, et souvent on se surprend à guetter en vain le moment exact ou s’opère ce glissement vers le fantastique. Cela donne une mesure du talent de Mariana Enriquez et lui fait un point commun avec Julio Cortazar, le grand auteur argentin auquel certains critiques élogieux comparent cette nouvelle auteure. Une chose est certaine, il s’agit là d’un des recueils de nouvelles les plus marquants que j’ai pu lire ces dernières années. Si elle s’inscrit dans une « tradition latino-américaine » du récit fantastique, l’auteur y donne aussi la preuve d’une vraie originalité, bien servie par une écriture percutante et une vraie touche d’humour. Hautement recommandable, donc.
Traduit de l’espagnol (Argentine) par Anne Plantagenet
Editions du sous-sol – 19 euros