La guerre du Vietnam est terminée pour le béret vert Hanson. Démobilisé, l’alter ego littéraire de Kent Anderson s’engage dans la police de Portland. Chiens de la nuit est la suite des aventures autobiographiques de Kent Anderson, sous un autre uniforme. Sympathy for the devil était un grand livre sur la guerre du Vietnam, Chiens de la nuit est un monument tout aussi intéressant, qui nous livre le quotidien d’un flic en tenue, sillonnant des quartiers pauvres et sinistrés d’une grande ville américaine. C’est superbement bien écrit, c’est également très dur, on doit le souligner. Savoir que la quasi totalité du « matériau » rapporté ici est réel donne une densité particulière au récit. Drôle de type que ce Hanson/Anderson : dingue des armes sans être facho pour autant, peu respectueux de la procédure mais pas exempt de compassion pour certains des types qu’il croise. Une lecture qui peut dérouter les amateurs de polars bien cadrés, car l’intrigue, ici, il n’y en a pas à proprement parler. Impossible pourtant de lâcher ce bouquin.
Au lecteur qui connaît déjà et Sympathy et Chiens de la nuit (le bouquin est sorti en France en 1998 sous une autre traduction mais il était épuisé depuis des années) rappelons que les éditions 13e note ont publié au printemps 2013 un excellent recueil de textes de Kent Anderson, couvrant les années vietnam et les années passées dans la police à Portland, ainsi que des textes plus tardifs car si anderson n’avait plus rien publié depuis Chiens de la nuit, en revanche, il n’avait jamais cessé d’écrire. Certains de ces textes, ceux qui se déroulent à la campagne permettent d’ailleurs de retrouver un auteur un peu plus apaisé.
Il y a quelques mois, l’éditeur 13ème note nous avait parlé du projet d’un futur livre de Kent Anderson, pas de nouvelle depuis, mais on espère que cela pourra se faire, car et le bonhomme et ce qu’il écrit valent le détour.
Traduit de l’anglais (E.U.A) par Jean Esch
Gallimard (folio) – 8.90 euros