Irwin Semple passe 18 ans dans un hôpital psychiatrique où il est entré à 17 ans. Devenu malléable et atone, il sort, et trouve un travail dans une usine de meubles. Il installe une routine, quelques relations. Peu à peu le passé d’Irwin est décrit, et en particulier le microcosme cruel du lycée, où règne une brute à belle gueule, Harold. Ces deux personnages vont se recroiser quand Irwin sort de l’institution.
Don Carpenter, dont l’oeuvre riche est en cours de traduction chez Cambourakis, vaut largement le détour : depuis Sale temps pour les braves, je ne cesse d’être enthousiasmée par cet auteur. Ses antihéros américains des années 50 et 60 sont le revers de l’Amérique triomphante. Il s’attarde sur eux, et comme un entomologiste, décrit en détail un moment de leur existence, avant de passer à un autre personnage ou un autre moment. Irwin, Harold, Rattner, mais aussi Marjorie et Carole prennent incroyablement vite corps ; avec ces personnages d’une belle densité, il joue sur le récit en accélérant et ralentissant. L’écriture de Don Carpenter réussit à être nette et concise tout en étant très intense.
Traduit de l’anglas (États-Unis) par Céline Leroy.
Cambourakis 18€