DANS LE GRAND CERCLE DU MONDE – Joseph Boyden

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boyden Joseph Boyden, auteur canadien d’ascendance amérindienne, nous offre ici un récit épique magnifique, un roman à trois voix qui nous emporte dans le Nouveau Monde du début du 17ème siècle. Cela fait un siècle à peine que les terres qui deviendront le Canada ont été découvertes par les Européens. Largement inchangée depuis des siècles, la vie des différentes nations indiennes qui peuplent cette partie de l’Amérique est sur le point de basculer avec l’arrivée des hommes blancs, en particulier des missionnaires. Cette rupture, l’affrontement entre deux visions de la vie antagonistes et inconciliables est au coeur même du roman de Joseph Boyden et s’exprime à travers les relations entre les principaux personnages.

Oiseau est un guerrier huron, un homme influent dans sa communauté qui vient de sortir vainqueur d’un affrontement l’ayant opposé à un groupe d’Iroquois, ennemis héréditaires des Hurons. A l’issue du combat, il enlève une jeune fille iroquoise, Chutes de Neige, pour en faire sa fille adoptive. La description de la relation entre Oiseau et Chutes de Neige au cours des nombreuses années sur lesquelles court cette histoire est l’une des plus grandes réussites de ce roman. Face à eux, « le Corbeau », ainsi que les Hurons ont surnommé le jeune Jésuite français venu parmi eux pour les évangéliser. Faisant preuve d »une force de caractère hors du commun, soutenu par une foi inébranlable, le Corbeau parvient à surmonter des conditions de vie extrêmement difficiles, et s’investit dans sa « mission civilisatrice » malgré l’attitude hostile, moqueuse ou indifférente dans le meilleur des cas qu’affichent les Hurons à son égard. Entre Oiseau et lui, les relations oscillent entre méfiance et une certaine forme de respect.

Dans le grand cercle du monde est un roman dans lequel on s’immerge progressivement, en appréciant la très belle écriture de Boyden. Souvent poétique, parfois drôle, le roman contient aussi des scènes très dures. Les scènes de torture, nombreuses et à la limite du soutenable n’ont rien à envier aux polars les plus gore. Mis à part ce dernier aspect qui pourra en rebuter certains, je conseille ce livre de Boyden à tous les lecteurs, c’est l’un des tous meilleurs romans que j’ai lus en 2014.

Traduit de l’anglais (Canada) par Michel Lederer

Albin Michel – 23,90 euros

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