Les deux Anglaises et le polar : voilà deux bons polars écrits par de nouvelles venues d’Albion.
Désordre est l’histoire d’une femme au foyer très attachée à sa maison des bords de la Tamise, à l’inverse de son mari, souvent absent, et qui ne souhaite qu’une chose, vendre cette propriété. La demeure est pleine de souvenirs d’enfance pour Sonia, qui remontent à la surface, et la font lentement mais sûrement glisser vers la folie. Voire le pétage de plomb : quand le neveu d’une voisine se présente à sa porte, elle drogue et séquestre le bel adolescent…
Ce thriller psychologique a le mérite d’être original : une cougar sort ses griffes et devient cinglée, tout en conservant son apparence de femme au foyer modèle. C’est assez tordu et inattendu, et la violence contenue et suggérée s’insinue si bien dans l’ambiance délétère des bords du fleuve…
Trottoirs du crépuscule a pour décor Glasgow : Anna Cameron, jeune flic carriériste, est nommée à la tête de la brigade de proximité chargée de veiller au grain dans les rues de la ville. Manque de chance pour elle, elle se retrouve avec son ex (en pleine crise conjugale) sous ses ordres et un sinistre personnage qui balafre les prostituées. Des supérieurs misogynes, une épouse légitime qui joue la solidarité féminine, des subordonnés pas franchement obéissants, des victimes qui appliquent la loi du silence : l’enquête s’avère compliquée.
Avec une bonne intrigue policière et des personnages qui s’égarent, Karen Campbell réussit un excellent polar, riche en rebondissements et en figures intéressantes.
Désordre, Penny Hancock (traduit de l’anglais par Julie Sibony). Sonatine – 20€
Trottoirs du crépucule, Karen Campbell (traduit de l’anglais par Stéphane Carn et Catherine Cheval). Fayard – 20€.