J’avais lu et beaucoup aimé à sa sortie en 2013 le premier roman de Sandrine Collette, Des noeuds d’acier, sorte de Délivrance à la sauce morvandelle et comme j’avais également entendu dire pas mal de bien des deux romans qui suivirent, je me plongeai avec impatience dans la lecture du quatrième opus de la dame (un livre par an, belle productivité) dès réception du service de presse.
J’étais parti pour lire un thriller (la collection qui accueille le titre s’intitule Sueurs Froides) , mais sans vouloir à tout prix faire rentrer chaque livre dans sa petite case et être un obsédé du classement, force est de reconnaître que si Il reste la poussière est un excellent roman, c’est davantage un western qu’un thriller. Il ne reprend pas les codes du genre : intrigue, double-jeu, retournements de situation et soigne particulièrement les descriptions et les ambiances. On est plus proche de Ron Rash (pour les descriptions) ou de David Vann (pour l’atmosphère familiale pesante et vénéneuse) que de Stephen King.
Il reste la poussière nous emmène au bout du monde, en Patagonie, à la fin du 19ème siècle. Le monde est en train de changer et les grosses exploitations se développent au détriment des petits éleveurs. La famille de Rafael vit dans une exploitation coupée du monde, sous la coupe d’une mère autoritaire et mutique. Les deux aînés de la fratrie terrorisent Rafael, le petit dernier, qui trouve son seul réconfort auprès de son cheval et de ses chiens. Le cadet, quant à lui, compte les coups et n’ouvre presque plus la bouche depuis qu’il a assisté à un drame familial qui l’a profondément traumatisé.
Tiraillé entre la peur, l’attachement au clan et l’envie de s’en émanciper, Rafael va-t-il profiter de l’occasion qui s’offre à lui pour fuir une vie misérable où règne la violence ? C’est l’un des enjeux de ce très beau roman qui montre toute l’étendue du talent de l’auteur.
Denoël – 19.90 euros