Julius, la cinquantaine, habite seul au coeur d’une forêt, dans la maison où son père et son grand-père ont vécu avant lui. Pas un misanthrope, non, mais un homme tranquille qui trouve son équilibre entre la bibliothèque que lui a léguée son père et son chien, Hobbes. Un jour, par pure malveillance, quelqu’un tue Hobbes d’un coup de fusil tiré à bout portant. Ceci va conduire Julius à décrocher le vieux fusil de guerre qui n’a plus servi depuis des décennies et à tenter de surmonter ce deuil d’une manière violente, mais parfaitement logique et argumentée. On suit Julius pas à pas dans la traque qu’il mène avec calme et détermination. Il ne s’agit pas là du récit d’un basculement dans la folie, ce malgré la disproportion entre l’acte (la mise à mort d’un chien) et ses conséquences (la mort de trois hommes). On n’est jamais mis en position de juger Julius, grâce au choix très habile d’un récit conduit à la première personne. Un beau roman, donc, qui traite aussi de la nature et de la fragilité de l’homme aux prises avec celle-ci. Julius Winsome est le premier roman traduit de Gérard Donovan, dont on attendra les futurs romans avec un réel intérêt.
traduit de l’américain par Georges-Michel Sarotte
Le Seuil – 19,50 euros