Riad Sattouf est connu pour son regard sardonique sur l’adolescence grâce à ses bandes dessinées La Vie secrète des jeunes, Retour au collège et son film Les Beaux gosses ; dans L’arabe du futur il s’en prend cette fois à sa famille… Ses parents se sont rencontrés dans les années 70 à Paris : une bretonne et un Syrien, étudiant en histoire, qui donnent naissance à Riad en 1978. A l’issue de sa thèse, le pater familias emmène son petit monde en Libye : adepte de panarabisme, il admire Kadhafi. La réalité libyenne est autrement folklorique. Après une étape en Bretagne, la famille, avec un petit garçon supplémentaire, gagne le pays paternel, dirigé par Hafez Al-Assad (père de Bachar).
Riad Sattouf reconstruit cet itinéraire familial, mélangeant son regard d’enfant et son recul d’adulte : des anecdotes, des impressions et des sensations à hauteur de marmot (ses cheveux blonds que tout le monde appréciait, les bananes libyennes, les jeux d’enfants) qu’il confronte aux discours de son père. Ce dernier est le coeur de l’histoire, un géant qu’on admire enfant mais dont on n’hésite pas à épingler les contradictions.
Le regard acide de Riad Sattouf nous fait rire (son don précoce pour dessiner Pompidou), mais raconte aussi la perplexité et les angoisses : la peur des cousins par exemple, la violence latente de l’enfance. Il nous raconte la Syrie, sa famille, un regard intime, mais néanmoins politique. Son travail est particulièrement réussi, nous amène par le rire à pénétrer une famille, une époque, un pays.
Allary éditions – 20,90€