Une star de cinéma cache, derrière son image de mâle américain dans toute sa splendeur, une double vie ; une américano-mexicaine complexée grandit dans East L.A. et trouve tant bien que mal un job et l’amour ; un jeune couple fuit l’Ohio et leur famille violente ; un clochard installé sur la promenade prend sous son aile une jeune fumeuse de crack. Le récit suit ces quatre lignes, entrecoupés de chapitres courts comme des dépêches sur l’histoire de Los Angeles, et d’autres plus développés, et absolument passionnants, qui développent des aspects de la ville, comme les autoroutes.
Alors je ne sais pas pourquoi, mais j’ai un faible pour L. A., ou du moins le mythe de cette cité du cinéma complètement décadente, et j’ai sauté sur le livre de Frey. Pas déçue du voyage, c’est le moins qu’on puisse dire : c’est du très bon roman américain, du grand roman sur des petites gens dans la grande ville. Les fils narratifs se combinent très bien, chaque histoire tient la route, mais c’est le tableau d’ensemble qui donne toute son ampleur au livre, avec ces chapitres intermédiaires qui tirent le regard du lecteur dans les coins et les détails du décor. Bien construit donc, et bien écrit : l’écriture de Frey est nerveuse, rythmée, laissant tomber les dialogues et les descriptions au profit d’un style indirect très libre, ou d’énumérations déconcertantes. Un roman percutant.
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Constance de Saint-Mont.
Flammarion – 21 €