Si vous recherchez le roman qui va écourter vos nuits et vous faire rater votre station de métro à l’aller et au retour, précipitez-vous sur La vérité sur l’affaire Harry Quebert. Car la surprise de cette rentrée littéraire, c’est que le meilleur « roman américain » de l’automne est écrit directement en français… par un auteur suisse dont ce n’est que le deuxième roman. Presque un coup d’essai et déjà un coup de maître, puisque Joël Dicker nous offre 650 pages savamment maîtrisées qui nous tiennent en haleine jusqu’au bout. On dévore ce gros bouquin en trois ou quatre soirées… et on en redemande !
L’histoire, c’est celle de deux écrivains et de la manière dont un meurtre vieux de 30 ans ressurgit brusquement pour influencer leur oeuvre, leur vie, leur amitié. Le premier écrivain et narrateur du récit, c’est Marcus Goldman, la nouvelle idole des lettres américaines, qui souffre du syndrôme de la page blanche et n’arrive pas à se mettre à l’écriture de son deuxième roman. Il va chercher refuge, soutien et inspiration auprès de Harry Quebert, « monument de la littérature mondiale » et son ancien professeur à l’Université, son ami, le père spirituel qui l’a encouragé dans la voie de l’écriture. Quand Harry Quebert se retrouve accusé du meurtre d’une jeune fille de 15 ans disparue en 1975, Marcus refuse de croire à la culpabilité de son ami et mentor et se lance dans une enquête parallèle.
Côté traitement, on est quelque part entre John Irving pour l’ambiance et la description de la petite ville du New Hampshire où se déroule l’action et Stephen King pour le suspense que l’auteur insuffle à chaque page. Autant dire que Joël Dicker est un sacré bon raconteur d’histoires ! Certes, tout n’est pas parfait, et si on cherche la petite bête, on peut reprocher à l’auteur le côté caricatural (mais franchement drôle) de certains personnages secondaires (l’éditeur, la mère…). Il y a aussi un peu trop de rebondissements à mon goût, des pièces du puzzle qui s’assemblent trop parfaitement pour qu’on ne flaire pas un peu l’artifice. Mais qu’importe, ce sont des défauts mineurs comparés au plaisir de lecture que procure à chaque instant La vérité sur l’affaire Harry Quebert. Avis aux amateurs…
Editions De Fallois / L’Age d’homme – 22 euros