Mary Boulton a 19 ans et elle fuit : parce qu’elle est poursuivie par deux gaillards patibulaires qui veulent se venger et parce que son passé est un insupportable fardeau. Nous sommes au Canada en 1903, et elle commence son périple à pied, en direction des Grandes Rocheuses.
Dès les premières pages, cette femme se désigne comme « veuve par sa volonté », géniale périphrase pour dire qu’elle a tué son mari. La fugitive est donc une meurtrière, et son errance sera l’occasion de reconstituer les circonstances de son acte. Le personnages se construit autour de ses souvenirs distillés petit à petit et autour des rencontres qu’elle fait, un trappeur misanthrope qui vit dans les bois, un indien né à Boston et de retour dans les Rocheuses, un pasteur qui prêche en boxant. Tous ont une silhouette, un phrasé, une démarche reconnaissables, et souvent comiques. La Veuve associe donc un saisissant portrait de femme dans un paysage grandiose, un roman intime avec des personnages de western. Une singulière réussite.
Traduit de l’anglais (Canada) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné
Christian Bourgois – 20 €