Avec Le fond des forêts, David Mitchell livre un magnifique roman d’apprentissage, un petit bijou d’humour et de poésie. Nous sommes dans l’Angleterre du début des années 80, en 1982 pour être précis; le Royaume-Uni vient d’entrer en conflit avec l’Argentine au sujet d’un chapelet d’îles situées à l’autre bout du monde, les Malouines (Faulklands pour les britons). Jason Taylor a 13 ans : rejeton de la classe moyenne, c’est un adolescent moyennement populaire, élève d’un collège très moyen situé dans une ville moyenne de la province britannique. La force de Mitchell, c’est de nous faire entrer dans la peau de ce petit bonhomme si peu extraordinaire (le récit est rédigé à la première personne) et de nous faire partager sa vie quotidienne pendant 12 mois. C’est le temps qu’il faudra à Jason pour perdre quelques illusions, devenir un paria à l’école et subir les persécutions scolaires des plus costauds, assumer son amour de la poésie, vivre sa première déception amoureuse et recevoir son premier baiser. Dans une récente interview au Monde des Livres, Mitchell – qui assume la part autobiographique du livre – disait avoir d’abord conçu ce récit comme une succession de nouvelles, mais à aucun moment on a une impression de « rafistolage ». Bien au contraire, la conception est extrêmement astucieuse et offre plusieurs points d’orgue au récit. Bref, c’est un roman superbe qui peut plaire aux lecteurs les plus exigeants tout en étant d’un accès très facile.
traduit par Manuel Berri Editions de l’Olivier – 23 euros