Sorti en 2015 aux Etats-Unis et récompensé par le National Book Award puis le Golden Kite Award for Fiction, Neal Shusterman frappe fort avec Le goût amer de l’abîme (Challenger Deep en anglais). Si la question des maladies mentales a déjà été traitée (Je t’ai rêvé, Contrecoups), l’auteur connaît bien son sujet puisque son fils est lui-même schizophrène.
Nous suivons Caden, un adolescent de quinze ans, dans son quotidien : le lycée, les amis et surtout la famille. Au fil de ce premier récit, nous assistons au développement de la maladie du jeune homme. Shusterman décrit habilement les différentes étapes du développement de la psychose : altération du comportement, sautes d’humeur mais également le chamboulement et la dégradation des liens familiaux qui en découlent. Le lecteur ne peut que suivre, impuissant, la santé du héros se détériorer.
Enchâssé dans le premier récit, l’autre partie de l’histoire nous plonge au cœur d’un navire et de son équipage. Cet univers, totalement surréaliste, est en fait une métaphore de l’hospitalisation de Caden. Entre capitaine du bateau fou à lier, perroquet bavard et monstres marins, ce second récit s’imbrique parfaitement au premier et rien n’est laissé au hasard. Ponctué par des illustrations du fils de l’auteur lors de ses crises hallucinatoires, Neal Shusterman nous fait percevoir et comprendre le développement de cette maladie insidieuse et assez peu connue. Le point de vue adopté et particulièrement travaillé y est pour beaucoup.
Bouleversant, ce roman témoigne de l’importance du soutien familial qui joue un rôle fondamental dans l’accompagnement du malade. L’histoire demande à être suivie avec attention, les crises hallucinatoires du héros dans le monde réel et ses péripéties dans le second peuvent être déstabilisantes.
Le goût amer de l’abîme est un véritable chef-d’œuvre. Impossible d’en ressortir totalement indemne.
A partir de 14 ans
Chez Nathan – 16.95 €