Dans la France de 1793, en pleine convulsions révolutionnaires, Lazare Bruandet poursuit obsessionnellement son oeuvre. Il est peintre de paysage, mais c’est une brute. Il frappe et peint, prend les armes autant que les pinceaux. Il fuit Paris après avoir commis un meurtre, et se cache à la campagne, pas moins épargnée par la fièvre révolutionnaire. Prêt à tout pour sauver sa peau, il n’a qu’un objectif, peindre. Peindre des paysages, suivant la tradition des peintres Hollandais.
Le contraste entre l’existence tumultueuse du personnage et son art est fascinant : cet être brutal peignait avec une grande délicatesse, des paysages qui aujourd’hui paraissent surgir d’un monde originel et mythique. Cette intensité et cet absolu se retrouvent comme inversés dans la biographie de Lazare Bruandet : le commerce avec ses semblables ne lui réussit guère, au mieux il les fuit, au pire il les bat. Il ne recherche d’ailleurs pas non plus de reconnaissance pour son art.
Cet être mystérieux à la biographie étonnante inspire de sublimes planches à Frantz Duchazeau. Aux scènes dans un Paris révolutionnaire, tout en des échauffourées, succède le retour à la nature : les décors sont très évocateurs et peuplés de piquants personnages. Suivre les pas de Lazare n’est décidément pas de tout repos…
Casterman – 20€