Il y a les losers magnifiques et les autres, minables de bout en bout. Ismael appartient clairement à la deuxième catégorie. Ouvrier en Andalousie, dealer au Maroc, camionneur au Mexique, il a tout foiré avec une admirable constance. Mais ce qu’on lui reproche surtout, dans son Pays Basque natal, c’est de s’être engagé dans la Légion, l’armée espagnole, ce qui fait de lui un traître, honni par tous.
Il revient au pays assez mal disposé vis-à-vis de ses compatriotes. On est d’ailleurs tenté de partager son animosité, tant les villageois qu’il nous décrit composent une belle brochette de sales types, à l’étroitesse d’esprit remarquable, dont le nationalisme confine au racisme le plus étriqué. Pas de quoi nous réconcilier avec Ismael cependant, qui a décidé d’élargir le champs de ses actvités en embrassant la carrière de maître-chanteur. La victime désignée : l’un de ses amis d’enfance, qui lui a réussi sa vie professionnelle…
Le prix de mon père, dont on devine qu’il n’a pas été financé par l’office du tourisme du Pays Basque espagnol, est un polar nerveux et percutant qui plaira aux amateurs du genre. Le lecteur désireux de se réconcilier avec le genre humain choisira une autre lecture.
Traduit de l’espagnol par Claude Bleton
Rivages – 8.15 euros