David Smith est à bout : une carrière de sculpteur qui avait bien commencé mais se retrouve au point mort, un propriétaire qui l’expulse, une petite-amie qui l’a quitté, un job alimentaire qu’il a perdu. Il passe donc le soir de son anniversaire dans une cafétéria à boire, jusqu’à ce qu’apparaisse son vieil oncle Harry, à qui il confie son désarroi. Sauf que Harry est mort depuis longtemps. Et qu’il lui propose un étrange pacte : il aura tout pouvoir sur la matière, et la possibilité de réaliser tous ses rêves de sculpteur, mais il n’a plus que 200 jours à vivre.
Scott McCloud, que l’on connaissait pour ses ouvrages théoriques, arrive donc avec sa première fiction traduite en français, une ample réflexion sur l’art, l’amour, la mort. Il réexplore l’histoire de Faust et vous invite dans une histoire aux multiples rebondissements, très rythmée, et très écrite, traitant de la question du rapport à l’existence, au regard de l’autre, à la reconnaissance, à ce qu’on laisse dans ce monde. Il s’intéresse au rapport de son personnage à la mort, s’il réussit à s’y préparer. L’art, l’amour, la mort : Scott McCloud s’attaque au principal, et au plus difficile, car voilà des sujets devenus banals à force d’être traités. Mais le résultat des courses est à la hauteur de l’objet, 500 pages qu’on ne lâche pas, qui se dévorent et vous emportent. Le trait est simple, avec une bichromie en noir et bleu-gris, qui me semble aller à l’essentiel, sans s’attarder sur le decorum. C’est néanmoins ambitieux, et un brin mélo… mais palpitant.
Rue de Sèvres – 25€