Les deux arpenteurs qui sillonnent le roman de Kim Zupan et le Montana sont un jeune shérif, Val Millimaki, et un vieux tueur, John Gload. Celui-ci tue pour l’argent, de sang froid : sans être cruel, il est d’une effrayante efficacité, jusqu’à ce qu’il prenne un associé qui va se retourner contre lui à la première occasion. De quoi faire regretter à John Gload de ne pas l’avoir liquidé quand il en avait la possibilité. Quant à Val Millimaki, l’une de ses attributions en tant que shérif est de partir à la recherche des disparus, randonneurs égarés ou vieux déments, qui se perdent dans les paysages sauvages du Montana. Son travail le mine, et ronge sa relation avec sa femme. Les deux hommes vont faire connaissance dans les couloirs de la prison du comté ; le vieux John n’a pas beaucoup de remords, mais souffre d’insomnie. Val est chargé de lui soutirer des informations sur les disparitions dont Gload pourrait être responsable.
Kim Zupan signe un roman puissant et hypnotique ; son écriture retenue parvient à brosser d’imposantes images, comme le tête-à-tête entre chien et loup des deux hommes, séparés par les barreaux de la cellule, ou les errances du shérif avec son chien sur les traces d’un vieil homme sénile. Val Millimaki et John Gload sont d’intenses personnages, qui évoquent avec une tranquille élégance la violence et le tourment. Les Arpenteurs s’inscrivent dans le meilleur de la tradition du roman noir, avec ses figures fascinantes et inquiétantes.
Traduit de l’américain par Laura Derajinski.
Gallmeister – 23,50€