Ces Cahiers japonais ne sont pas à proprement parler un carnet de voyage, puisqu’Igort réside essentiellement à Tokyo, et qu’il évoquera surtout un quartier, Sendagi, ni même un reportage. C’est un étrange mélange entre L’empire des signes de Barthes et L’homme qui marche de Taniguchi. On se ballade à ses côtés dans les rues et les espaces tokyoïtes, et il s’intéresse à certains éléments culturels qu’il analyse.
L’attachement d’Igort pour le Japon est ancien, dès les années 80, quand il est jeune dessinateur, il l’utilise dans ses premiers récits ; lorsque dans les années 90 il obtient un contrat d’édition avec Kodansha, l’un des principaux éditeurs du pays, il est précurseur. Il retournera à de nombreuses reprises là-bas. Ce recueil est l’occasion de nous narrer ses relations avec des éditeurs, des auteurs japonais, avec les livres qu’il découvre dans les librairies.
Sa façon de faire et de flâner est très agréable, il nous ballade avec toute sa subjectivité et sa sensibilité dans son Japon, un Japon dessiné, celui des manga et des estampes, mais pas seulement : en plus des bandes dessinées, il s’émerveille de la qualité des graphismes des cartes à jouer, d’affiches de cinéma et autres images populaires, il évoque aussi Mishima, la symbolique du chrysanthème, son attrait pour le sumo, il nous initie à l’Iki, l’art de la séduction, nous raconte en détail la vie d’Abe Sada (le personnage féminin de L’empire des sens), et nous révèle l’existence des Burakumin (intouchables). Il nous parle aussi de poésie et d’imprimerie… Un livre passionnant, riche, écrit et dessiné au long cours : un véritable voyage.
Futuropolis – 24 €
Et la version audio, avec ma voix de speakrine….