Soizic a 22 ans et une existence qui tourne en rond entre deux grands-parents qui l’ont élevé à la place d’une mère dont elle ne sait rien ou presque et qui semblent parfois lui en faire le reproche tandis qu’ils se noient consciencieusement dans l’alcool. Fatiguée des sarcasmes de sa grand-mère et du modèle par défaut qu’elle projette, Soizic décide sur un coup de tête de « monter » à Paris et de prendre son existence en main. Presque par hasard, parce ce que le seul contact ou presque dont elle dispose est celui d’un cousin qui exerce cette profession, Soizic va devenir bouquiniste et découvrir la réalité de ce vieux métier, au-delà de l’image et des fantasmes qu’il suscite.
L’argument pourrait être celui d’un « feel good book » mais Les chats éraflés est un premier roman très personnel, rythmé et chaotique, reflétant le parcours de Soizic dans cette capitale qu’elle découvre, comme elle découvre en même temps une certaine forme de liberté, la solitude qui l’accompagne et qui est le lot des nouveaux arrivants.
Les chats éraflés est aussi le récit de la quête que mène Soizic pour comprendre les raisons de l’abandon dont elle fut victime. Oscillant entre la rage, la rancune et une soif inextinguible de reconnaissance si ce n’est d’affection, la jeune femme exige des réponses de cette mère qui est pour elle une énigme et semble persister à la fuir. Un très beau roman, plein de vie et d’énergie d’une jeune héroïne un peu cabossée par l’existence mais bien décidée à trouver sa voie.
Gallimard – 20€