Spécialisé dans l’adaptation du genre fantastique, Gou Tanabe s’attaque à l’une des pièces maîtresses de Lovecraft : Les Montagnes Hallucinées. Tanabe est familier de l’oeuvre de l’auteur américain puisqu’il a déjà adapté plusieurs de ses nouvelles (La Couleur tombée du Ciel, Celui qui hantait les Ténèbres…). L’adaptation comportera 2 tomes et profitera d’une couverture en cuir assez originale faisant penser à un carnet de voyage.
Les Montagnes Hallucinées est un court roman écrit par Lovecraft en 1936. Durant l’entre deux-guerres, les expéditions se multiplient à destination des Pôles. Avides de combler les zones blanches de la carte du monde, les aventuriers tentent leur chance. Nous suivons l’expédition du Professeur Dyer et son équipe (composée de géologues, scientifiques, étudiants et chiens pisteurs) en direction de l’Antarctique. Chargés d’un très bon matériel, ils progressent facilement malgré le climat extrême.
Alors que l’équipe effectue de gros travaux d’excavation à travers la couche terrestre enneigée des montagnes, les chercheurs découvrent d’étranges morceaux de roches. La pierre est examinée sous toutes ses formes grâce aux matériaux de pointe, et l’un des scientifiques conclue que la trouvaille est d’origine inconnue. Les travaux se poursuivent et les minéraux se font de plus en présents. Le professeur Lake, d’une curiosité insatiable (c’est un euphémisme) souhaite développer les recherches plus loin au Pôle. Le professeur Dyer est en désaccord. Selon lui, les recherches déjà effectuées ont été bénéfiques à la science et un long travail les attend. De plus, une tempête de neige se profile et il paraît dangereux de mener une nouvelle expédition.
L’équipe de Lake part malgré tout. En survolant les sommets plus au Nord, ils découvrent une chaîne de montagnes noires. Les pilotes et passager de l’avion sont sujets à d’étranges mirages en contemplant les cimes. Les scientifiques (et le lecteur) savent que ces formes géométriques ne doivent rien à la nature… et pourtant rien à l’homme non plus. En communication permanente avec le Professeur Dyer depuis les airs, ils l’informe de leur fabuleuse découverte. Toutefois, quelques heures après leur atterrissage et la découverte d’étranges formes de vie, les nouvelles cessent.
Les écrits de Lovecraft sont réputés très difficiles à adapter en format illustré : les textes reposent beaucoup sur la suggestion et l’indicible. Ce premier tome des Montagnes Hallucinées est pourtant une belle réussite de la part de l’auteur japonais. Si l’oeuvre originale est racontée par le professeur Dyer à la première personne, nous suivons ici l’équipe au complet à travers le regard des différents personnages. Ce point de vue rafraîchit et dynamise le récit. Si le début de l’histoire ressemble à un récit d’aventures assez classique, Gou Tanabe immisce le lecteur dans l’angoisse (puis l’horreur) grâce à un trait fin, précis et qui laisse parfois place à l’indéfinissable. Mais l’auteur excelle tout particulièrement dans l’illustration de panoramas époustouflants.
Les Montagnes Hallucinées de Gou Tanabe est une admirable adaptation et saura ravir les fans d’horreur, de fantastique et de science-fiction.
Série en deux tomes (le second paraîtra le 07/03/2019)
Traduit du japonais par Sylvain CHOLLET.
Ki-oon – 15€