Il y a le Midi, le soleil et les cigales mais on ne trouvera aucune image d’Epinal et bien peu de douceur dans le beau et sombre roman de Marion Brunet.
Roman social, roman noir, l’été circulaire c’est l’histoire de deux frangines, Céline et Jo, qui traînent leur adolescence dans le lotissement d’une petite ville du Midi. Deux frangines qui aimeraient bien que leur vie commence enfin, qui voudraient y croire mais craignent de passer à côté à l’instar de leurs parents qui à 40 ans ont déjà lâché l’affaire. Des parents qui sans doute les aiment, mais les aiment mal.
Quand est révélée la grossesse de Céline , dès les premières pages du roman, la violence de père, Manuel, se déchaîne. La « trahison » de Céline, sa fille magnifique, son unique objet de fierté, le renvoie à un sentiment d’échec insupportable. D’autant que malgré les coups, Céline refuse de divulguer le nom du père de l’enfant.
Par l’histoire, celle de deux gamines trop vite grandies, L été circulaire fait penser à D’acier de l’italienne Sylvia Avallone et est tout aussi réussi. Par son écriture précise et efficace, sa description sans artifices psychologiques et sans condescendance du désarroi des petits blancs du sud, le roman m’apparaît un peu comme le cousin européen de cette famille de grands écrivains américains qui ont su décrire le quotidien des laissés pour compte : Woodrell, Offutt, D. R Pollock ou Frank Bill. Le roman de Marion Brunet ne souffre pas de cette comparaison. C’est dire tout le bien que j’en pense.
Albin Michel – 18 euros