Ce roman réjouissant et caustique nous plonge au coeur de la société tchèque, ou plus exactement tchécolovaque, puisque l’intrigue fait le va-et-vient entre les années 50 et le fameux printemps de 1968. Le point central du récit est une sombre affaire de « faux miracle », machination fomentée par l’Etat communiste pour déconsidérer l’Eglise, coupable de ne pas apprécier le paradis communiste à sa juste valeur.
Le personnage principal et narrateur de cette fable politique est professeur dans un école ménagère pour jeunes filles – pas la pire place pour un jeune homme assez porté sur la chose – avant de gagner sa vie comme auteur de livrets d’opérette, ce qui lui permet de voyager assez librement à l’étranger. Un sort plutôt enviable, donc, et peut-être la raison pour laquelle il refuse de s’engager politiquement et fuit comme la peste les pétitions qui fleurissent et qu’on cherche à lui faire signer.
Miracle en Bohême rappelle un peu les premiers Kundera, qui signe d’ailleurs la préface. La parution de ce titre dans la prestigieuse et néanmoins accessible collection L’imaginaire Gallimard (première parution française en 1978 chez Gallimard) est l’occasion de découvrir Skvorecky, auteur un peu oublié qui nous a quitté début 2012.
Traduit du tchèque par Claudia Ancelot
L’imaginaire Gallimard – 10 euros