L’ATLAS DES INCONNUS – Tania James
L’avis d’Hélène : « Un grand roman américain sur l’Inde d’aujourd’hui, à travers le portrait d’une famille pauvre du Kerala. L’une des filles obtient une bourse et part vivre à New-York, tandis que l’autre, qui a abandonné ses études, reste en Inde. Le destin de chacune se révélera bien sûr plus complexe que ce que l’on peut imaginer à la lecture de cet énoncé. Très beau roman à l’écriture enlevée, l’Atlas des inconnus est une histoire prenante à travers laquelle on découvre une région méconnue, et des personnages attachants analysés avec finesse. »
Editions Stock – 22,50 €
116 CHINOIS ET QUELQUES – Thomas Heams-Ogus
L’avis de Thomas : « C’est à peine une histoire, plutôt un fait historique : comment un peu plus d’une centaine de Chinois d’Italie furent confinés dans un trou paumé des Abruzzes entre 1941 et 1943, sur l’ordre de l’administration mussolinienne. Voilà pour le pitch.
Ce qui est intéressant, c’est le traitement littéraire qu’octroie Thomas Heams-Ogus à cette absurdité sans bornes, comment il arrive à retranscrire, dans une prose à la précision chirurgicale, la grande vacuité de cette situation, cette sensation d’enfermement quasi mutique s’accompagnant d’une souffrance qui ne se dit pas non plus.
C’est un parti-pris plutôt audacieux, parce qu’il eût été facile de verser dans l’horreur liée aux camps de concentration – c’est la terminologie dont usaient très officiellement les autorités italiennes –, d’en rajouter des tonnes dans l’affect et d’éprouver ainsi le lecteur.
La sobriété est sans doute ce qui colle le mieux à ce fait historique qui pourrait tenir en quelques lignes dans un livre d’Histoire – c’est d’ailleurs ainsi que l’auteur l’a découvert. Il n’y a en l’occurrence rien à jeter dans l’écriture de Thomas Heams-Ogus, c’est sec sur l’os, ajusté au millimètre. Et c’est assez impressionnant, si l’on imagine que c’est un premier roman d’un jeune homme d’une trentaine d’années et biologiste de son état (ceci n’est pas une attaque envers les biologistes). Je pourrais bien pinailler en arguant du fait qu’à mon goût, c’est in fine un peu froid stylistiquement parlant. Mais je préfère retenir toutes les qualités qu’il y a dans ce presque récit : c’est beau, c’est précis et ça c’est plutôt rare de nos jours.
A s’envoyer en une demi-soirée – 120 pages, quoi ! – et à méditer en ces temps de traque aux Roms. Pan, dans l’œil ! »
Le Seuil – 15 €
LES EXTRAORDINAIRES AVENTURES DE JOHN LOFTY OAKES – Catherine Rey
L’avis d’ Eliette : « Un récit sous forme de conte où réflexion et imagination se mêlent. C’est l’histoire d’un petit poucet, John Loft Oakes dit Lijo, né en 1883 à Guildford en Australie occidentale, et qui pleure des larmes d’or. Ses mémoires racontent sa vie aventureuse et son parcours initiatique en compagnie de son ami Bartholomé à travers l’Australie, les îles Fidji, du sud de l’Inde à Panaji et sur des planètes lointaines, avant de revenir à sa terre natale. »
Editions Joelle Losfeld – 22,50 €
LES VIES EXTRAORDINAIRES D’EUGENE – Isabelle Monin
L’avis d’Anne-Sophie : « J’ai eu un peu peur en débutant ce livre écrit sous la forme d’un journal personnel. Et puis, doucement, je me suis laissée prendre à ce travail de deuil original : le père d’un bébé grand prématuré et décédé au bout d’une semaine se lance dans un travail d’historien sur son fils. Tous les prétextes sont bons pour écrire et le décrire, pendant que sa femme coud sans relâche des pantalons en velours rouge pour tous les âges qu’il ne saurait désormais atteindre. Il y a de la nostalgie, de la fantaisie, de l’audace, de l’humanité, beaucoup de souffrance, mais pas de désespoir irréversible…au contraire ! »
JC Lattès – 17 €