Nous voici dans une PME, elle édite des revues pour enfants mais peu importe son activité, l’intrigue qui s’y noue est universelle. Cette PME vient d’être rachetée, sauvée ainsi d’un dépôt de bilan programmé. Sauvée jusqu’à quel point ? Qui restera ? Qui partira ? Qui « prendra du galon », puisqu’il n’est pas interdit de rêver ?
Le repreneur, surnommé « gros porc », personnage trouble et manipulateur, s’y entend à merveille pour brouiller les cartes, jouer les uns contre les autres en alternant menaces et promesses. Entre vélléités de révolte et découragement, tentation de courber l’échine ou de « collaborer », les stratégies s’affinent. On entend tour à tour la « voix intérieure » de chacun des salariés, les interventions étant rythmées par l’intervention du « choeur », ce « nous » qui n’en est plus vraiment un, tant la tension qui traverse le corps social que constitue l’entreprise met celle-ci à rude épreuve.
Un roman âpre, drôlement dur et durement drôle, qui reflète le désenchantement de notre époque.
Gallimard – 16,90 euros