Parmi les disciples de Pasteur, le grand public connaît les noms de Roux, de Calmette… pas celui d’Alexandre Yersin, qui a pourtant à son actif un vaccin contre la peste. Mais Yersin était tout sauf un « rat de laboratoire »; il était trop amoureux de la vie et des aventures qui s’offraient à lui pour se résoudre à n’être qu’un chercheur, fut-il de génie. Comme son biographe, Patrick Deville, Yersin avait constamment soif d’horizons nouveaux. D’où sans doute cette impression de réelle connivence entre l’auteur et l’objet de son roman.
Patrick Deville évoque avec talent et gourmandise la vie (les vies !) de Yersin, qui fut successivement chercheur, navigateur, propriétaire terrien, multipliant les expériences et à chaque fois atteignant le succès. Etabli au Vietnam où il passera de nombreuses années, Yersin développera ainsi la culture de l’hévéa et deviendra immensément riche, sans sembler l’avoir tellement recherché. Cette très grande facilité, cette touche de génie est très justement rendue par l’écriture ironique de Patrick Deville qui s’invite même dans l’aventure, pistant Yersin à travers les décennies et les salles d’un vieil hôtel vietnamien au luxe suranné. Un bonheur de lecture…
Le Seuil -18 euros