Jeune sociologue, Alizée Delpierre s’invite chez les (très) riches et celles qui les servent à demeure, 24/24h. Au –delà des nombreuses anecdotes et de la narration vivante qui rendent cette lecture très agréable, l’enquête d’Alizée Delpierre soulève des questions assez fascinantes. Comment ces représentants de deux classes situées aux antipodes de l’échelle sociale vivent-ils leur cohabitation sous le même toit ? Quelles sont les conséquences de l’invisibilisation des domestiques ? Quelles stratégies de promotion sociale peuvent-elles mettre en œuvre ? Face à la domination sociale et à la fortune de leurs employeurs, de quels contrepouvoirs les domestiques disposent-ils ? Comment en usent-ils ? De quelle nature sont les liens qui se créent au cours ces relations qui durent parfois de très nombreuses années ? Y trouve-t-on parfois une manière de syndrome de Stockholm, du ressentiment ? Chez les patrons, qu’exprime véritablement le désir ou la « nécessité » perçue d’avoir des domestiques ? Existe-t-chez certains d’entre eux une forme de « mauvaise conscience » ou toujours le sentiment d’être toujours à sa place ? Au lieu d’une enquête undercover et du brûlot un peu facile qu’un tel sujet peut susciter, Alizée Delpierre mène son enquête en toute transparence et en respectant des règles strictes, s’interdisant d’interviewer patrons et domestiques d’une même maison, afin de mieux libérer la parole. Le résultat n’en est que plus intéressant.
La découverte – 20€