Station eleven est un roman de fin du monde qui explore à travers une poignée de personnages l’avant et l’après d’une catastrophe. L’avant est centré sur un acteur, Arthur Leander, son ascension, ses mariages, ses amitiés, jusqu’à sa mort en scène en interprétant le Roi Lear. L’après, c’est vingt ans plus tard : une pandémie a tué 99% de l’humanité, et il ne reste que de petites communautés, souvent isolées, que visite une troupe de théâtre itinérante. Un étrange jeu d’échos se met en place, entre cet hier, qui paraît si facile et superficiel, et un futur où les personnages sont dans la survie, après avoir survécu au chaos : pourquoi, et comment survit-on ?
Emily Saint John Mandel a de très belles trouvailles visuelles pour décrire ce monde en ruine qui garde encore les traces du passé et de la catastrophe, comme cette communauté qui s’installe dans un aéroport, au milieu d’avions qui ont perdu leur capacité de voler. Ce monde d’après la catastrophe est emprunt de mélancolie et le passé fait figure de légende. Une tonalité qui se conjugue avec un récit d’aventure pure (la troupe de théâtre itinérante est poursuivie par une inquiétante communauté) et une « Hollywood story » (la vie de la star Arthur Leander) : un récit hybride, très maîtrisé, et très étonnant.
Traduit de l’anglais (Canada) par Gérard de Chergé.
Rivages – 22 €