Tracey, tout comme la narratrice, est métisse, dans un quartier pauvre de Londres. Elles se rencontrent à un cours de danse, où la première excelle, tandis que la seconde, malgré son amour pour les comédies musicales, ne brille guère. C’est leur parcours à toutes deux qui nous est conté, zigzagant entre les époques : elle décrit les mères, l’une blanche, permissive, prolo, et l’autre noire, activiste, autodidacte et exigeante, les pères, qu’on adore mais qui cachent bien des choses, elle raconte leur cheminement, la carrière de Tracey qui ne décolle pas malgré son génie, le travail de la narratrice auprès d’une star de la chanson, Aimee.
Zadie Smith invite à une profonde réflexion sur l’identité composite de ces deux jeunes femmes et leurs rapports à leur quartier, à leur amitié, à leur lignée. En prenant son temps, elle nous raconte les méandres de chacune, les pièces du puzzle s’assemblent et crée un ensemble étonnant : Tracey est une créature ambigüe et fascinante, la narratrice une spectatrice et une assistante inquiétante. Zadie Smith aborde une multitude de thèmes et brosse un portrait en profondeur de l’Angleterre.
Traduit de l’anglais par Philippe et Emmanuelle Aronson (23,50€)
Gallimard Du monde entier – 23,50€