Carole Allamand est fille unique. Son père est mort depuis quelques années et sa mère, dont elle n’a jamais été proche, vit à Genève. L’autrice est devenue professeure d’université aux Etats-Unis et lorsqu’elle apprend le décès brutal de sa mère, elle retourne au pays pour organiser les obsèques et se charger des formalités administratives et logistiques, parmi lesquelles débarrasser les affaires de sa mère. Mère et fille se voyaient deux fois l’an, le temps d’un déjeuner ou d’un dîner au restaurant. Qui aurait soupçonné que la vieille dame, toujours tirée à quatre épingles, était atteinte du syndrome de Diogène ?
C’est dans ce contexte tragique que Carole Allamand découvre un pan de la vie de sa mère dont elle ignorait tout : l’appartement familial est un taudis et un amoncellement de bric-à-brac, une véritable décharge où poubelles et objets d’une vie s’entassent. L’amie que Carole a appelée pour lui demander de venir chercher le chat de sa mère quelques jours avant son retour d’Amérique est là pour la soutenir dans cette terrible épreuve. Quelques amis proches viennent également prêter main forte et en dépit des journées de labeur, ils ne parviendront pas à tout vider. A l’ère de la sobriété heureuse, la maladie qu’est le syndrome de Diogène semble inexplicable, comme le sont bien des maladies psychiatriques. Le vide affectif peut-il conduire à une telle folie ?
Carole Allamand s’empare de ce sujet comme d’un sujet universitaire, cherchant des raisons, des prédispositions là où il n’y en a peut-être pas. Son récit est prenant et nous met presque mal à l’aise, la curiosité malsaine prenant parfois le dessus sur l’empathie que l’on éprouve pour l’autrice.
Un témoignage qui nous engage à re-penser notre rapport aux objets et aux autres.
éditions Anne Carrière – 18 €