En 1895, deux frères de 12 et 13 ans sont arrêtés pour le meurtre, à l’arme blanche, de leur mère, dont on a découvert le corps dix jours après le crime : les enfants ont continué à vivre auprès du corps, jusqu’à l’arrivée de la police. A l’issue du procès, l’aîné est déclaré coupable, et est envoyé à l’asile psychiatrique de Broadmoor. Ce fait divers glauque alimenta la presse de l’époque. Kate Summerscale entreprend un passionnant travail, plus d’un siècle après les faits : elle ne pose pas la question du « qui a tué ? » ou « comment ? », mais plus celle du « pourquoi ? ». Pour y répondre, elle fait un méticuleux travail de restitution de l’époque, des lieux, des événements, des protagonistes, et de la réception dans la presse de l’époque : c’est très factuel, à la manière d’une enquête sociologique, elle engrange les informations, les analyse, suit sur le long terme les protagonistes, et élabore une solide hypothèse. Elle s’intéresse de près à la question de l’enfance à l’époque victorienne, puis à la psychopathologie criminelle, et même au stupéfiant asile de Broadmoor.
Tout l’intérêt de son livre est aussi dans l’enquête sur les suites de l’affaire : après le jugement, nous découvrons ce qui est advenu du jeune coupable ; et le récit est singulièrement étonnant, et vraiment émouvant : c’est une histoire de rédemption absolument incroyable.
Traduit de l’anglais par Eric Chedaille.
Christian Bourgois – 24 €