Au pays des mollahs, dessiner des BD pour enfants ne vous met pas à l’abri de la prison et des persécutions. C’est ce que va découvrir à ses dépens Mana Neyestani, dont le travail va devenir l’enjeu d’un bras de fer politico-ethnique qui le dépasse complètement. La référence à Kafka est doublement justifiée, puisque c’et la réplique d’un cancrelat ce qui va jeter le pauvre dessinateur dans les rouages infernaux du système judiciaire et pénitenciaire iranien. Un récit passionnant, mené de main de maître, qui illustre toute l’absurdité d’un système.
Je profite de cette sortie pour revenir sur un autre album très intéressant, paru il y a quelques semaines et dont l’action se situe également dans l’Iran contemporain. D’abord publié sous forme de blog, ZARA’S PARADISE est l’oeuvre de 2 jeunes auteurs qui ont choisi de rester anonymes pour des raisons politiques. On comprend pourquoi à la lecture de cet album, qui revient sur l’élection présidentielle truquée de 2009 et sur la répression sanglante des manifestations qui la suivirent. Zahra’s Paradise raconte la quête d’une mère à la recherche de son fils, étudiant « disparu » comme des milliers d’autres au cours de cette répression. Il s’agit d’une oeuvre de fiction, mais inspirée de nombreux cas de disparitions hélas bien réels. La liste des noms des personnes ayant disparu au cours de ces événements terribles clôt l’ouvrage. Elle occupe plusieurs pages, en caractères minuscules, et vaut bien des discours.
Une Métamorphose irannienne est traduit de l’anglais par Fanny Soubiran
Editions çà et là – 20 euros
Zahra’s Paradise est traduit de l’anglais par Marion Tissot
Editions Casterman – 16 euros